>>Diguettes semi-filtrantes à 2 niveaux de filtration (simplification)

23 mars 2011
Cooperaction.org 

Yves GILLE - Me contacter

(Voir aussi : Système global de diguette semi-filtrante, pour certains détails)

A partir de : http://www.interaide.org/pratiques/pages/agro/2erosion/diguette1.htm

PRATIQUES - agro.2 : lutte anti-érosive- Fiche AGRO-2.1.1.

Lutte anti-érosive
DIGUETTES SEMI-FILTRANTES A DEUX NIVEAUX DE FILTRATION ("Arengha 89")
l’expérience à Mure en Ethiopie

Patrice Mérillet
Mars 94 - Mars 98

1. Description
2. Avantages
3. Limites et contraintes
Biblio
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1. Description

Ce modèle de diguette arborée (contreplantée d’arbustes) permet une approche globale du problème de la gestion de l’eau. Réalisée pour la première fois à Arengha Guéra, au Tchad, près du Mont Guéra (1600 mètres) en zone sahélienne (500 mm pluie/an), puis à Mure en Ethiopie, sa plasticité lui permet de s’adapter pratiquement à tous les cas de figure et de supporter des lames d’eau de 1,50 mètre.

Pour des petites pluies inférieures à 30 mm, ce type de diguette conserve toute l’eau sur des pentes de 1 à 5%. Dans le cas de pluies plus importantes, ces diguettes jouent le rôle d’un ralentisseur et de ce fait, favorisent la sédimentation.
Contreplantées d’arbustes, elles valorisent le travail et la place perdue.
En hautes terres, les pierres sont souvent présentes dans les champs du fait de l’absence d’outils appropriés pour les couper ou les dégager.
Les haies d’arbustes sont efficaces dans les zones sans pierre et introduisent la notion de haie, essentielle dans un terroir ou l’irrégularité des pluies, la déforestation et le ravinement sont en extension rapide. Elles ont même une action contre la salinisation des sols.

Diguette arborée semi-filtrante à deux niveaux filtration type " Arengha 89 "

Une fois les deux lignes en quinconce mises en place avec les pierres de calage et le concassage, une deuxième rangée de pierres peut être mise au-dessus pour donner du volume à la diguette et bloquer les pierres les unes par rapport aux autres. Mais le plus souvent, une seule ligne de pierres suffit.

Pierres de calage :

Les pierres de calage servent à bloquer les débris végétaux tandis que le concassage empêche l’eau de creuser et de provoquer l’effondrement de la diguette sur elle-même.
Les pierres de calage doivent être mises à plat, c’est la condition de réussite de cette méthode.

Concassage :

Il doit être irrégulier de texture et a pour rôle de filtrer l’eau des premières pluies et de la conserver une fois colmaté (3ème à 4ème pluie). Il provoque le nivellement de l’espace inter-diguette en quelques pluies.

Contreplantation d’arbustes :
Sur pente faible de 1 à 5% : en aval
Sur pente forte de 5 à 10% et plus : en amont.
Contreplantation tous les 50 cm en ligne, mettre une poignée de fumier sec ou bon compost par trou, quand cela est possible.

2. Avantages

 On ne peut pas faire plus simple,
 ne demande aucun instrument de mesure de niveau,
 demande trois fois moins de travail pour sa mise en place que d’autres types de diguettes,
 simple de construction, ce type de diguette autorise le nivellement du terrain en jouant sur les deux paramètres de base pour sa mise en place (système des deux pentes : pente principale et pente secondaire),
 demande peu de maintenance,
 selon les pentes de 1 à 10%, l’intervalle entre deux diguettes est de 100 à 25 mètres,
 l’arbuste choisi pour la contreplantation peut être un arbuste de rapport :
 henné (lawsonia alba), bouturage facile
 moringa oleifera : arbuste utile par ses feuilles et ses fruits,
 gesho (rhamnus prinoides), base du tedd avec le miel,
 leucaena SP, utile pour l’ombre, les graines sont mangées au Mexique ; cuire les graines une minute, laisser refroidir et drainer l’eau pour les faire germer,
 pois d’Angole (cajanus indica), vétiver (vetiveria zizanoides),
 le coût d’installation est environ 3 fois moindre que pour les autres types de diguettes ;
 peu de pierres suffisent et un homme seul peut les construire.

3. Limites et contraintes

Olivier Michel, qui a succédé à Patrice Mérillet sur le programme agricole de Mure de avril 96 à avril 98, confirme, s’il le fallait, l’intérêt et l’efficacité de cette méthode. Mais il relève quelques contraintes, dues pour l’essentiel au contexte local.

 La diguette de pierre prend de la place et réduit ainsi la surface cultivable d’environ 50 cm, ce qui est parfois difficile à faire accepter aux paysans dans une zone comme le Wolayta où la pression foncière est forte et la surface des champs très réduite. Sur d’aussi petites surface, quand la culture est attelée, les diguettes peuvent aussi poser problème en réduisant l’espace pour tourner la charrue.
 Les diguettes doivent être construites après la récolte, en saison sèche, uniquement quand la terre est nue (entre novembre et février dans le Wolayta).
 Les paysans étant peu enclins à repasser une seconde fois sur la diguette, il vaut mieux que la première structure soit la plus complète possible (deux lignes de pierres + pierres de calage) afin de s’assurer de son efficacité. Mais cela demande plus de travail, pour un résultat qui ne sera confirmé qu’après une première pluie.
 On ne peut être sûr du résultat de la diguette qu’une fois qu’elle a été fixée par la pluie (une fois la première couche de sédimentation posée) ou que la contreplantation est fixée. Si l’eau passe encore, il faudra rajouter des pierres de calage ou du concassage - ce qui constitue une forme d’entretien.
 Les diguettes sont parfois des réservoirs de mauvaises herbes (surtout quand elles sont contreplantées) et sont dans ce cas mal acceptées par les paysans.
 Pour éviter au maximum l’excès d’eau, les diguettes doivent être associées à d’autres techniques : drain principal en cime de champ ou de versant, bande de fossés-talus.
 A l’évidence, cette technique n’est pas applicable dans les zones où il n’y a pas de pierres. Dans ce cas, on peut faire des lignes de vétiver, (qui ont l’avantage sur les diguettes de prendre très peu de place et de pouvoir être plantées en saison des pluies et implantées au milieu de culture) et des bande de fossés talus (le fossé se remplit en une seule saison des pluies et le vétiver planté sur le talus en aval pousse au fur et à mesure du dépôt de sédiment).
 Dans tous les cas, la contrainte majeure à respecter est la contrainte du paysan. Si l’emplacement de la diguette ne lui convient pas, il la détruira et ne la refera pas volontiers la saison suivante à un mètre de distance...

Cette méthode est effectivement simple à réaliser et donne des résultats spectaculaires en 1 seule saison des pluies et même sans contreplatation d’arbustes (suffisamment de sol arable est retenu en une seule saison des pluies, selon la hauteur de la diguette). Mais malgré sa simplicité, les équipes avec lesquelles nous travaillons dans le Wolayta ont du mal a déterminer l’emplacement de la diguette dans un champ et à visualiser l’évolution du terrain, et donc à maîtriser complètement la technique.

La fiche "Agro.2.1.2" présente la méthode "Arengha 89" en 12 règles les plus simples possibles. Ces 12 règles ont été conçues pour l’équipe locale du projet Mure agri. Nous les reproduisons intégralement car il nous a semblé qu’elles pouvaient être utiles à d’autres équipes terrain, ou à des groupements d’agriculteurs. Elles seront bientôt disponibles sur ce site, en français et en anglais.

Biblio :

Vetiver Grass, the hedge against erosion (Le Vétiver, la protection contre l’érosion)
World Bank 1ère édition, 1987, 4ème édition déc. 2000, Richard G. Grimshaw

téléchargeable en français sur le site du Réseau vétiver : http://www.vetiver.com/
www.vetiver.com/TVN_GreenFrench.pdf
(a été traduit en chinois, hindi, espagnol, gujarati, thaï, et même en Chichewa (langue nationale du Malawi)...

Vetiver Grass for soil and water conservation and embankment stabilisation, the World Bank, Washington D.C., Richard G. Grimashaw
Vetiver Grass : a thin green line against erosion, National Academy Press, Washington DC
Trees of Kenya, Tim Noad & Ann Birnie Publishers P.O.BOX 40034 Nairobi Kenya : livre, 1 US$ seulement, remplace avantageusement une bibliothèque sur le sujet
Dictionary of economic plants, Uphof, Johannes C. Th. 1968. 2nd ed., rev. and enlarged. Verlag Von J. Cramer, Germany. 591 p. : les 10000 principales plantes utilisées par l’homme.

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Voir aussi la biblio "pratique" Agro et la page de liens


AVIS IMPORTANT

Les fiches et récits d’expériences " Pratiques " sont diffusés dans le cadre du réseau d’échanges d’idées et de méthodes entre les ONG signataires de la " charte Inter Aide ".
Il est important de souligner que ces fiches ne sont pas normatives et ne prétendent en aucun cas "dire ce qu’il faudrait faire" ; elles se contentent de présenter des expériences qui ont donné des résultats intéressants dans le contexte où elles ont été menées.
Les auteurs de " Pratiques " ne voient aucun inconvénient, au contraire, à ce que ces fiches soient reproduites à la condition expresse que les informations qu’elles contiennent soient données intégralement y compris cet avis .

* Patrice Mérillet a été responsable du programme agricole à Mure en Ethiopie d’avril 93 à avril 96.




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